Les dessins ne sont bien entendu pas signés, mais parfois datés et titrés au verso,
avec des thèmes récurrents, ou obsessionnels, des silhouettes ou ombres apparaissant ici où là,
L’art-thérapie consiste à utiliser le processus créatif à des fins thérapeutiques.
L'art-thérapie est une forme de psychothérapie qui utilise la création artistique
(dessin, peinture, collage, sculpture, etc.) pour prendre contact avec sa vie intérieure
(sentiments, rêves, inconscient, etc.), l'exprimer et se transformer. Cette pratique est très répandue
dans les secteurs de la santé. On l'utilise comme mode d'intervention en psychothérapie, particulièrement chez les sujets ayant de la difficulté à exprimer ce qu'ils ressentent par la parole, avec les enfants en bas âge ainsi qu'en physiothérapie pour développer une meilleure confiance
en soi et favoriser la réadaptation.
De plus, certaines écoles de pensée considèrent que l’art-thérapie peut dépasser le cadre de la psychothérapie et avoir des visées humanitaires et thérapeutiques plus larges.
Elle permettrait de venir en aide aux personnes malades, handicapées ou aux prises
avec de la douleur chronique ou des problèmes moteurs, par exemple.
Les grands principes
En art-thérapie, le but du processus n’est pas artistique. On ne se préoccupe
pas de la qualité ou de l'apparence de l'oeuvre finale, la démarche thérapeutique
consiste à laisser progressivement surgir ses images intérieures, qui peuvent être autant le reflet d'expériences du passé que de rêves auxquels on aspire. Le geste créateur fait appel au corps qui se met en mouvement pour créer une oeuvre concrète. Dans le même élan, il sollicite l'imagination, l'intuition, la pensée et les émotions. Les images ou les formes ainsi créées, en plus de dévoiler certains aspects de soi, peuvent générer une vision et des comportements nouveaux qui contribueront à des guérisons physiques, émotives ou spirituelles.
Un des aspects intéressants de l'art-thérapie est que, contrairement à la parole, les images
demeurent et servent de fil conducteur. Par exemple, la personne qui suivrait une thérapie dans le but de résoudre une relation conflictuelle pourrait, au départ, « peindre la douleur » qu'elle ressent. Graduellement, elle parviendra à peindre un tableau renouvelé de la situation et pourra finalement voir se dessiner une solution inédite. Le rôle du thérapeute n'est pas d'interpréter le travail créatif, mais de soutenir le sujet dans sa transformation et de l'accompagner d'une production artistique à l'autre
afin qu'il en arrive à une plus grande clarté.
Histoire de l'art-thérapie
L'application de l'art à des fins thérapeutiques n'est pas un concept nouveau. La Grèce antique,
tout comme la plupart des cultures traditionnelles, considérait que les arts avaient un effet cathartique et thérapeutique. Au début du XXe siècle, le psychiatre suisse Carl G. Jung (1875-1961) avait déjà lui-même expérimenté les bienfaits de l’expression par le dessin.
Il a ensuite intégré cette approche dans sa pratique.
Toutefois, l'art-thérapie n'a fait son entrée officielle dans la société contemporaine que vers
les années 1930. Elle s'est d'abord introduite en Angleterre et aux États-Unis grâce à Margaret Naumburg, enseignante et psychothérapeute reconnue comme l'une des pionnières dans le domaine.
Au Canada, parmi les thérapeutes ayant contribué à l'intégration de l'art dans le cadre de traitements psychiatriques, mentionnons Martin A. Fisher qui a fondé, en 1967, le Toronto Art Therapy Institute
et, en 1977, la Canadian Art Therapy Association.
En France, en dépit des programmes de formation offerts depuis les années 1970, l'art-thérapie
n'est pas encore très répandue. L'Angleterre est le premier pays européen où la profession a été reconnue par les Services de santé publique, en 1997. En Allemagne, les assurances couvrent, dans certains cas, les frais de prise en charge, tandis que dans la plupart des autres pays européens, le travail de reconnaissance professionnelle reste à faire.
L’art-thérapie est une méthode visant à utiliser le potentiel d'expression artistique
et la créativité d'une personne à des fins psychothérapeutiques ou de développement personnel.
Son efficacité sur la santé des patients est avérée
et reconnue par l'Organisation Mondiale pour la Santé
Genèse de l'art-thérapie
Le pouvoir thérapeutique de l'art est évoqué depuis la nuit des temps.
À partir de la Renaissance déjà les écrits d’esthétique évoquent souvent le pouvoir « curatif » de la peinture, comme le peintre Giovanni Battista Armenini qui a écrit que la gaieté des « grotesques » des Loges de Raphaël au Vatican pouvait traiter la mélancolie.
Au début du XXe siècle, des psychiatres étudient les productions des personnes internées dans les hôpitaux psychiatriques, ils en dégagent une catégorie qu'ils nomment « art psychopathologique ».
Les ouvrages de Walter Morgenthaler, Hanz Prinzhorn et Robert Volmat sont parmi les principaux
pour comprendre la croissance de l'art-thérapie. Le premier ouvrage éclairant est celui de Walter Morgenthaler, médecin. Il publie en 1921 A Psychiatric Patient as Artist, un livre fondamental
sur le lien entre art et maladie mentale. En 1922, il publie un ouvrage présentant les œuvres
d'Adolf Wölfi, patient qui a réalisé une quantité importante de dessins et collages.
Ce livre est très important dans l'histoire de l'art-thérapie, par le lien positif
qu'il introduit entre maladie et création.
En 1922, Hanz Prinzhorn publie l'ouvrage Expression de la folie. Dessin, peinture,
sculpture d'asile dans lequel il étudie des productions (plusieurs milliers) de patients hospitalisés en psychiatrie. Son approche est basée sur la Gestaltung, la psychologie de la mise en forme.
En 1955 paraît le livre L'Art psychopathologique de Robert Volmat consacré à l'exposition internationale d'œuvres créées par des patients de 1950. Notons que Volmat crée, avec Jean Delay, la société internationale de psychopathologie de l'expression.
Winnicott, avec sa théorie de la transitionnalité, a été le précurseur des thérapies
usant de médiations artistiques.
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De l'art brut à l'art-thérapie
Jean Dubuffet et l'art brut
Jean Dubuffet, artiste peintre et sculpteur, découvre les productions de personnes internées
en hôpital psychiatrique et se passionne pour ce type de création qu'il nomme l'art brut dans les années 1940. Il organise tout au long de sa vie de nombreuses expositions de productions issues de ce courant qu'il a contribué à faire connaitre.
André Breton et les surréalistes
André Breton.
Chef de file des surréalistes, André Breton, tout comme ses amis du même mouvement artistique,
s'est intéressé à l'expression de l'inconscient à travers la création artistique et s'est à ce titre intéressé aux publications de Marcel Réja, Hanz Prinzhorn et Walter Morgenthaler. Avec ses amis surréalistes,
il expérimente diverses techniques permettant, d'après eux, de faire parler l'inconscient à travers la création, notamment l'écriture automatique ou la peinture.
Jean Dubuffet et André Breton font partie des fondateurs de l'association
loi de 1901 la Compagnie de l'art brut en 1948.
Ceci contribue à la reconnaissance d'un art voulu « hors les normes » (pour reprendre leur expression), c'est-à-dire en dehors des normes académiques et des circuits habituels de l'art, ainsi que de liens
entre création artistique et expression de l'inconscient.
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